Kebab frites - Le Djerba à Lille

Le 29/04/2009 à 10h25 - Chroniques du Kebab

En flânant du côté de la gare Lille Flandres avec pour but bien avoué la quête du joyau ultime, vous découvrirez pléthore de petites échoppes colorées, qui permettent en seulement quelques foulées, de faire le tour de la “gastronomie” orientale. Ce que l’on peut appeler le Croissant Fertile de la ville, regorge d’autant d’enseignes que d’invitations au voyage dont l’énumération exhaustive serait un périlleux exercice : Riad, Djerba, Pyramide… Le simple fait de pousser la porte d’un de ces établissements vous procurera sans nul doute votre dose hebdomadaire d’exotisme.

Face à une concurrence acerbe dans ce quartier, certains kebabs innovent en optant pour une stratégie “pull”, c’est à dire que l’on vient chercher le chaland jusque dans la rue pour éviter que vous choisissiez le concurrent d’à côté. En temps de crise, c’est une méthode qui peut aisément se comprendre ; et vous client, vous vous sentez de suite très important. Charmé mais néanmoins peu naïf quant à l’attention soudaine que l’on vous porte. En effet il est de notoriété publique que ce type de process a été rodé avec les plus grands cabinets de consulting. Ceci dit, cela ne vous empêche pas de pousser tout de même la porte du Djerba. Une fois à l’intérieur de l’échoppe, celui que l’on suppose être le patron vous accueille chaleureusement avec une batterie de “mon ami” et les inévitables serrages de main, ces codes comportementaux si spécifiques au métier. Voyant la salle vide, vous comprenez aussitôt le déploiement d’énergie dont vous aviez fait l’objet quelques instants plus tôt. Tant et si bien que la qualité de la relation commerciale dépend beaucoup de ces petites attentions à votre égard. Le Djerba l’a donc bien compris…

En revanche, si vous vous attendiez à déguster votre pitance dans un décor digne mille et une nuits, autant vous dire que vous pouvez repasser… voire même pas du tout. L’endroit est fonctionnel au possible, murs blancs d’un côté avec quelques “tableaux de maître” qui se battent en duel et glace murale de l’autre - on peut aisément soupçonner la “direction” de vouloir créer une illusion d’espace. Une petite fragrance d’eau de Javel témoignera d’une hygiène au rendez-vous. Même si bien sûr ce n’est pas suffisant pour vous convaincre de demander la main de votre future femme en ces lieux.

Nous ayant conduit jusqu’à notre table en nous présentant l’éventail des mets et des sauces (comme s’il s’agissait d’une bisque de homard), nous dispensant donc de nous en remettre à la carte un peu poisseuse, celui que l’on appellera Ali - le présumé patron, à moins qu’il ait occulté une possible acquisition de son établissement par un fonds d’investissement Qatari - on peut au moins dire qu’à travers ce personnage, le Djerba n’envisage la relation client autrement que d’une manière court-termiste. Et ça, ça fait plaisir !

Il ne nous aura pas fallu longtemps pour choisir notre mets. Il faut dire que le choix se fait bien souvent entre le kebab frites et la galette frites. Les autres plats, certainement plus raffinés, font figure de curiosité ou de “caution” gastronomique sur la carte et mériteraient certainement un examen plus approfondi. Il faut dire que la fainéantise et le temps nous pousse à élire l’éternel kebab frites, meilleur moyen, comme je l’ai sans doute déjà dit, de conjuguer prix et remplissage optimal de l’estomac. Equation qui divise toujours bon nombre de praticiens. D’ailleurs, le serveur, ne semble pas vouloir nous conseiller autre chose que le best seller de la maison.

Livrons nous dès lors à une analyse technique du joyau en question et autant dire que sa qualité est inversement proportionnelle à l’idée qu’on se fait en voyant la devanture, un modeste kebab de quartier. Le tout est présenté dans le classique plateau, qui présente l’indéniable avantage de ne pas casser et donc de faire d’indéniables économies.

La suite à venir… en espérant vous tenir en haleine ! Mais il n'y aura pas de suite, l'échoppe a fermé ses portes, la fameuse crise probablement. Bien que le PDG du kebab voisin contigu, après insistance de notre part, nous a laissé entendre :'Ils ont fait n'importe quoi, vous savez Misieur'. Explication qui nous a laissé sur notre faim...