Le Mezre

Bien que n'ayant plus mis les pieds dans ce Kébab depuis de nombreuses années, j'ai décidé d'y retourner, afin de voir si les souvenirs que j'en garde son justifiés. Tout d'abord, l'enseigne a légèrement changé, alors qu'il y était auparavant indiqué 'Spécialité Turques et Kurdes, Kébab', il se contente aujourd'hui d'un simple 'Restaurant'. Bien décidé à y retourner, cela ne me fait pas peur et (grand bien m'en pris) je pousse quand même la porte du restaurant et laisse l'ambiance qui y règne m'imprégner. La lumière est tamisée et les couleurs sont chaudes. Une douce musique orientale (que je suppose turque) y est discrètement diffusée, sans que l'ont puisse voir les haut parleur. Les murs sont en belle pierre et décorés par quelques photos témoignant d'un véritable art de vivre. Pas de doute possible, nous entrons dans un lieu ou chaque détail est travaillé, et nos
papilles s'éveillent par anticipation. Malgré tout, l'ambiance n'y est pas guindée, mais familiale et décontractée. Le patron nous indique avec grâce et discrétion une table dans un coin, d'où nous étudions le menu. Là, surprise ! le 'fameux' Kébab n'est même plus inscrit à la carte. Une rapide observation confirme qu'il n'est plus nul part indiqué la vente d'un simple Kébab. Cependant, nous observeront bientôt des clients prendre à emporter des Kébabs, ce qui laisse indiqué une sorte de 'double clientèle'. La carte est cependant parsemée d'ingrédients ou de plats nous rapportant au Kébab, comme la classique 'assiette Kébab'. Il est aussi parfois indiqué la présence de 'viande de kébab'. Nous nous laissons portés par les douces connotation orientales des tous ces plats, plus attrayant les uns que les autres. Un de mes voisins ayant choisi l'assiette Kébab, j'opte pour ma part pour l'içli köfte, ayant laissé à ma jeune personne une forte impression il y a quelques années.

Après un temps d'attente raisonnable (mais évidemment non qualifiable de 'restauration rapide'), les plats nous sont présentés. Ce sont des monuments d'humanité. L'attention au détail sur la présentation n'est pas là pour masquer une maigre quantité, le chef créé ses plats avec amour et générosité. Nous repartirons la panse pleine. L' içli köfte (viande de boeuf enroulée dans une papillotte de boulgoure) est accompagné d'une généreuse quantité de boulgoure, ainsi que de carottes, salade et choux rouge. Les crudités amène un équilibre et une légèreté bienvenue face à l'içli köfte. Je ne rentrerai pas dans les détails de ce plats, qui s'est montré digne de mes souvenirs.

L'assiette Kébab est elle aussi fort réussie et est garnie des mêmes accompagnements. La viande de Kébab (mouton) est légèrement grillée, craquante sous la dent. Elle est légèrement assaisonnée, laissant émerger toute les subtilités de la cuisson. Pas de doute, il s'agit d'une réussite totale. Les sauces accompagnant les crudités sont aussi excellente, probablement faites maison. Les frites (que l'on peut choisir en remplacement du boulgoure) sont craquantes à souhait, mais ne laissent pas un souvenir inoubliables. De même le pain (présenté dans une charmante corbeille en osier) ne m'a pas semblé exceptionnel, mais j'étais peut-être trop absorbé par les merveilles l'entourant. Le vin qui nous est servi, un rosé turc dont le nom m'échappe (honte à nous, bien qu'étant dans la capitale du Beaujolais nous n'avons pas opté pour du local !) offre un nez puissant, un goût à la fois fruité
et acide est du plus bel effet, mais la tenue en bouche est étonnamment courte.

Satisfait de cette expérience, nous nous laissons aller sur nos dossier et nous faisons porter par un air de clarinette évoquant le Klezmer (bien que j'appris plus tard qu'il s'agit d'une composante principale de la musique turque). Cette ambiance sonore est tout de même légèrement gâchée par le bruit produit par une fontaine évoquant la coulée continue d'une gouttière percée (ou autre chose pour les plus imaginatifs ;) ).

N'étant pas le plus grand amateur de pâtisserie orientale, j'opte au dessert pour une franchouillarde crème brûlée, qui répond bien à mon attente, et offre une sorte d'interface entre le monde Turque que je m'apprête à quitter et notre campagne Caladoise que je vais bientôt rejoindre.

C'est donc les papilles éveillées et l'estomac satisfait que nous repartons, marchant dans les typiques rues piétonne encadrée par des arcades Caladoises. Le marché couvert de Villefranche nous offre ses derniers jeux de lumière, tel un adieu à ce repas mémorable.

Très bon kebab. Le lieu est très classe pour un kebab. Plats très diversifié, beaucoup de choix. Voilà, voilà. :)