Après la baguette, le kebab en danger ?

Le 25/01/2023 à 11h10 - Infos Kebab

35 000 boulangeries en France, plus de 10 000 kebabs... Mais combien en restera-t-il dans quelques mois ? Après le covid, la crise de l'énergie et l'inflation. Le coup de grâce ?

Les restaurants et les boulangeries sont les activités pour lesquelles les procédures de fermeture ont le plus augmenté en 2022, selon un bilan publié par les greffes des tribunaux de commerce. Une augmentation de 112% en 1 an pour la restauration rapide, qui talonne la boulangerie-pâtisserie avec ses 117%. 2023 ne s'annonce pas mieux...

Ca ne vous aura pas échappé en écoutant les médias ces dernières semaines : la baguette, produit phare de la tradition française, est en danger ! Comme les boulangeries, les kebabs sont majoritairement des indépendants en France, mais contrairement à leur collègues et partenaires artisans du pain, les kebabs ne sont pas structurés derrière une fédération, ne sont pas affiliés à des syndicats... et se font donc moins entendre. Ils sont pourtant également en danger !

Depuis le début de la crise de l'énergie, le problème est le même chez ces petits artisans-commerçants dépendants du gaz et de l'électricité : des factures qui explosent, des contrats bloqués et non plafonnés, et un commerce qui devient de moins en moins rentable. Chauffage, réfrigérateurs, congélateurs, friteuses, grills et planches à snacker... ce ne sont pas les appareils gourmands en énergie qui manque dans les restaurants kebab.

Ajoutez à cela une bonne dose d'inflation, de hausse du coût des matières premières, et vous obtenez un modèle économique qui n'est plus rentable, à moins de vendre des kebabs à 10 ou 12 euros ! Certains commencent à en faire les frais...

« Après plus de 25 années à votre service, Athènes Kebab rend son tablier. » A Alençon dans l'Orne, le snack historique du centre-ville Athenes Kebab, ferment ses portent après 25 ans d'activité. Cette institution ne peut plus faire face à l'inflation et la hausse des prix de l'énergie, malgré une clientèle fidèle et nombreuse.

A Saint-André, le propriétaire du Pacha Kebab s'inquiète : « J'en suis à payer 1400 euros par mois de factures d'énergie, et encore j'ai un prix bloqué pour le gaz de ville, pendant encore un an. Et après ? ça va être compliqué, on ne sait pas si on sera toujours là. Tous les jours je pense à raccrocher... J'attends de voir. »

A Lille, un jeune entrepreneur ouvert depuis seulement 1 an, se lamente également : « Avec toutes les augmentations, des matières premières, de l'énergie, on vit une période infernale... ». Les chaines et franchises ne semblent pas à l'abri non plus, le directeur technique du groupe Berliner das Original (18 restaurants) l'assure à l'occasion d'une nouvelle implantation dans la capitale des Flandres : « On a planifié une ouverture, on a signé un bail, on a fait un dépôt de permis de construire. Le coût de la marche arrière est trop important alors, cette hausse des prix de l'énergie, on la subit aussi. »

« Les prix d'aujourd'hui ne seront pas automatiquement les prix de demain, c'est ça qui est difficile ». C'est certainement ce qui est le plus dur à appréhender pour ces chefs d'entreprises : l'instabilité et l'incertitude de la situation. Mais ce qui permet aussi de garder espoir, en imaginant un retour à la normale le plus rapidement possible !