Une taxe kebab instaurée à Avignon
Le 07/03/2011 à 11h58 - Infos Kebab
La restauration rapide d'Avignon est sous les projecteurs ces derniers temps. Après le scandale sanitaire d'un restaurant Quick de la ville, qui serait à l'origine du décès d'un jeune homme, voici qu'on parle aujourd'hui des snacks avignonnais, qui se retrouvent dans le collimateur de la mairie UMP de la ville, dirigée par la députée-maire Marie-Josée Roig, pour bien d'autres raisons que des problèmes d'hygiène ou de santé publique. En effet, le problème soulevé par les autorités locales, est que la clientèle des petits snacks, kebabs, et sandwicheries, occuperait illégalement le domaine public, en créant des files d'attente sur le trottoir.
Qu'une ville s'attaque aux snacks et aux kebabs, ce n'est pas vraiment une première... souvenez-vous l'interdiction d'ouverture de kebabs en Italie, le couvre-feu pour les kebabs au Mans, ou encore la suppression de la vente à emporter après 23h à Marseille.
A Avignon, le conseil municipal a décidé de créer une nouvelle redevance de 130 euros par mois et par mètre linéaire pour tous les établissements qui "pratiquent des ventes au travers de vitrine et de comptoir ouvrants". Officiellement, le kebab n'est pas visé donc, mais quand on regarde les faits, on s'aperçoit que 2 types de commerces sont concernés par cette loi : les sandwicheries, mais aussi les salles de spectacles, qui ont leurs billetteries en front de trottoir. Or, à Avignon, la culture, le théatre, le spectacle, c'est sacré ! Alors dans la délibération du conseil municipal, il a été décidé l'exonération de cette taxe pour les établissements culturels...
Une trentaine d'établissements resteraient alors concernés par cette taxe : des snacks et des sandwicheries. "C'est de la folie, j'ai acheté en avril et je me suis endetté pour 7 ans. Cette taxe me rajouterait 335€ par mois alors que je suis déjà dans le rouge. C'est du délire, du racket pur et simple. Si j'avais su, je n'aurais jamais acheté mon établissement", s'insurge Romain, le patron du Miam Miam.
Les patrons de snacks se sont organisés autour d'un avocat, et ont porté l'affaire en justice, qui a rendu sa décision ses derniers jours, en ne jugeant pas illégale cette nouvelle taxe... Les premières factures sont donc arrivés chez les commerçants : pour Laurent, propriétaire d'un établissement place Pie, la note s'élève à 590 euros par mois: "Quand je pense que certains paient moins pour une grande terrasse... Moi j'ai la chance de ne pas avoir de crédit mais certains vont devoir fermer, ou au moins licencier. À mon avis, cette taxe est dirigée contre une catégorie de commerçants dont la Ville ne veut plus."
Difficile de comprendre en effet, que les bars et cafés paient entre 8 et 12 euros du mètre carré pour leurs terrasses, et que les snacks doivent payer 130 euros au mètre de leur côté. Maitre Coque, l'avocat des sandwicheries, n'hésite pas à parler de "discrimination, c’est complètement injuste et injustifié !". L'opposition de gauche, elle, devine dans cette nouvelle taxe une volonté de porter un coup fatal aux vendeurs de kebabs, qui feraient mauvais genre dans l'espace public.
Quoi qu'il en soit, la pilule est amère pour ces petits commerçants, et elle risque d'être difficile à digérer pour beaucoup, puisque l'amortissement de cette taxe représente la vente supplémentaire de centaines de sandwichs chaque mois ! Il va falloir trouver une solution... Licenciement de personnel ? augmentation du prix des produits vendus ? Fermeture pure et simple de certains commerces ? Les conséquences ne devraient pas se faire attendre très longtemps...